samedi, mai 27, 2006

Sur rien

Ces derniers temps, je suis pas trop inspirée, alors je pompe les auteurs que j'aime. C'est ça d'être en vacances. Mes étudiants, quoi que j'en dise, étaient finalement ma source d'inspiration...


Vent nocturne

Sur la mer maritime se perdent les perdus
Les morts meurent en chassant des chasseurs
dansent en rond une ronde
Dieux divins! Hommes humains!
de mes doigts digitaux je déchire une cervelle cérébrale.
Quelle angoissante angoisse
Mais les maîtresses maîtrisées ont des cheveux chevelus
Cieux célestes
terre terrestre
mais où est la terre céleste?

Corps et biens, "langage cuit", Robert Desnos, 1923

vendredi, mai 12, 2006

retour au pays

Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »

Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle,car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »
Aimé Césaire, extrait des Cahiers d'un retour au pays natal