mercredi, avril 09, 2008

Folie

Chloé se mit à tout me raconter : l’alcool, les médicaments, les phases d’euphorie et de désespoir. Et dans le chaos de sa vie, l’écriture comme une nécessité. Elle écrivait sans relâche dans la moiteur des nuits, enfermée dans son studio du 7ème arrondissement, avec pour seul horizon l’étendue de son récit, et pour seuls compagnons ses personnages mystérieux et insaisissables. Les pages de ses romans s’amoncelaient, son esprit déversant ses angoisses, ses préoccupations, ses plaisirs aussi, jusqu’à emplir sa chambre de rêves et de cauchemars. Il me semblait que ce processus était la cause de son mal. Les idées avaient imprégné l’espace et flottaient désormais dans l’air qu’elle respirait. Elle les humait, s’enivrait, puis les régurgitait sur le papier. Elle était prisonnière de ce vertige, de cette fièvre créatrice, entreprise vaine et infinie. J’étais alors totalement étrangère au monde qu’elle décrivait. Des années plus tard, je me sentis basculer moi aussi vers un monde idéel, préférant aux désillusions terrestres l’aliénation onirique.

dimanche, avril 06, 2008

mardi, avril 01, 2008

Elle s’asseya près de lui, la gorge serrée. Ils se tenaient assis dans un Starbucks. Leurs efforts pour trouver un autre lieu de rendez-vous avaient été vains, l’enseigne ayant envahi Manhattan. Cela faisait près de cinq minutes maintenant que le silence s’était installé entre eux. Ne pouvant se résoudre à se faire des adieux, ils s’observaient avec une douceur paisible. J’assistai à ce dialogue sans paroles et je devinai la rare sincérité de leur échange. Il finit par se lever, commença à enfiler sa veste, fit quelques pas en direction de la porte. Elle frissonna, ne pouvant retenir un sanglot. Sa douleur sans paroles l’avait prise au corps. Il ne se retourna pas.