mardi, août 28, 2007

Post coitum omne animal triste

Le jeu de séduction entrepris avec délice, le tissu froissé s'amoncelle dans la lumière tamisée parmi les verres sur la table basse, objet d'art amoureux qu'on retrouvera au petit matin, vestige d'un passé récent et indécent, le caractère éphémère de l'oeuvre venant souligner la volatilité du désir et la fragilité du sentiment. La lumière blafarde, angoisse aveuglante, nous ramène à l'insupportable réalité et à son lot de questions sans réponse. Une porte claque. Je n'ai pas voulu le voir partir. Ou plutôt, je n'ai pas voulu qu'il me voie comme ça, moi qui ne suis que chair et sang. J'ai longtemps cru qu'un jour arriverait où il se laisserait engloutir. Les sentiments seraient si forts qu'une séparation le ferait suffoquer et pas un jour ne passerait sans moi. Chimère. J'ai trente ans et des illusions perdues.

dimanche, août 19, 2007

I Wanna Love You Tender

Il arrive un moment dans la vie où les mots paraissent futiles, se heurtant à l'indicible réalité.

jeudi, août 16, 2007

Brève de comptoir

Depuis que je suis une blonde sexy, ma vie a changé. Le serveur me sourit quand il m'apporte mon café.

Rope

Le corps s’effondra dans un bruit sourd. Steve et Jamus se regardèrent. « On peut pas le laisser là, viens, aide-moi à le déplacer. » Jamus s’exécuta silencieusement. Le couvercle du coffre en acajou se rabattit, laissant dépasser un petit bout de corde. Steve commença à étaler les livres sur la table basse, en sifflotant. « Un coup de maître, te dis-je ! Brillant ! Le crime parfait ! » « Tu crois pas que cette petite fête est une erreur ? » « Pas du tout ! Cet événement est suffisamment exceptionnel pour mériter d’être célébré. D’ailleurs, j’ai mis du champagne au frais pour l’occasion. » Les deux amis s’activaient déjà à disposer assiettes, coupes, couverts et petits fours sur la surface en bois, fiers de leur stratagème, faisant du tombeau un autel sacrificiel et du repas une action de grâce à leur propre gloire. Steve et Jamus avaient passé ensemble les meilleurs moments de leur vie, et ce jour apparaissait comme l’apogée de leur amitié. Jamus, plus réservé, avait toujours admiré la détermination de Steve, son audace aussi, et ce dès leur première rencontre sur les bancs de l’université. Il se souvenait encore précisément du jour où le professeur Gilmore avait évoqué le darwinisme social. Les théoriciens de cette doctrine apparue à la fin du 19e siècle considéraient que la société industrielle et les progrès qui l’accompagnaient, notamment dans le domaine de l’hygiène et de la médecine, allaient à contre-courant de la « sélection naturelle ». La civilisation industrielle, en aidant les plus faibles à survivre, faussait ainsi le jeu et concourait à la dégénérescence de la nation. Steve avait alors levé la main : « Mais si on suit cette logique, le fait de tuer une personne malade ou handicapée ne serait pas un crime. Il s’agirait simplement de laisser la sélection naturelle s’effectuer… » « Vous avez tout à fait raison, jeune homme. Le fascisme et le nazisme ont bien entendu exploité les œuvres de Ploetz ou de Schallmeyer pour appuyer leur thèse sur l’aryanisation et la purification de la race. »

Brune d'un soir

Elle faisait partie de ces filles qui savent mettre en avant un physique appétissant. Elle arrivait, avec son sourire enjôleur et ses manières de vierge effarouchée, à faire tourner les têtes. C’est ainsi qu’elle servait les clients du café pour s’amuser. Elle n’en tirait aucun profit, si ce n’est la satisfaction de lire dans les yeux de ses interlocuteurs l’envie et le désir à jamais inassouvis.

mardi, août 14, 2007

personality test

Parce que j'aime me faire mousser, j'ai passé ce petit test de personnalité. :)
Alors, pour en avoir passé 2, il semble que je sois entre INFP et ISFP. Va comprendre, Charles.

You Are An INFP

The Idealist

You are creative with a great imagination, living in your own inner world.
Open minded and accepting, you strive for harmony in your important relationships.
It takes a long time for people to get to know you. You are hesitant to let people get close.
But once you care for someone, you do everything you can to help them grow and develop.

In love, you tend to have high (and often unrealistic) standards.
You are very sensitive. You tend to have intense feelings.

At work, you need to do something that expresses your personal values.
You would make an excellent writer, psychologist, or artist.

How you see yourself: Unselfish, empathetic, and spiritual

When other people don't get you, they see you as: Unrealistic, naive, and weak

samedi, juillet 21, 2007

Instant X

Il me prenait toujours en douceur, ponctuant ses questions et ses gestes d’un langoureux « honey ». Je ne savais pas si ce mot était simple politesse, une familiarité à attribuer à la circonstance ou s’il reflétait son attachement, l’expression de notre intimité naissante. Je sentais son corps vibrer, trembler et j’entendais sa respiration s’accélérer, par à-coups. Je me laissais glisser contre son sexe avant de l’agripper par les fesses pour l’attirer à moi. Le va-et-vient reprenait de plus belle pour finalement mourir dans un spasme violent dont il sortait rarement triomphant. Le plaisir de la jouissance se mêlait pour moi à la certitude de son abandon absolu. Je savourais le pouvoir que j’exerçais sur lui, ce désir que je lui infligeais, cette douleur dans le bas-ventre qui le rendait suppliant.

mardi, juillet 17, 2007

A feu et à sang

Il ne subsistait rien de notre brève intimité, et je contribuais par mon comportement à en détruire les derniers lambeaux. Son regard provoquait en moi une profonde émotion et me rendait maladroite. En sa présence, j’enchaînais les bourdes, à tel point que je me décidai un jour à l’éviter. Au désespoir des premiers temps succéda une sombre résignation, et j’essayai finalement de reléguer cet événement au rang de souvenir.

jeudi, juillet 12, 2007

Après-midi au café

Il insista pour aller à ce café dont je lui avais tellement parlé. G. me fit un signe de la main. Il était installé à la table habituelle, celle dont l’éclairage était le plus pratique pour étudier. Je passai la commande, un capuccino et un thé à la menthe, puis allai m’asseoir dans un des canapés. G. était derrière moi, nous étions presque dos à dos. Je n’osai me retourner. Je ne pouvais que l’imaginer plongé dans son livre de médecine, griffonnant des mémos sur un bout de papier, sirotant un « soda italien ». Je répondais péniblement à la conversation qu’on me faisait. Non, je ne connaissais pas les œuvres de Marden, mais oui j’aimais l’art abstrait, et j’étais convaincue qu’un bon artiste pouvait toucher n’importe quel public, même le moins cultivé… Est-ce qu’il était en train d’écouter la conversation ? Ou alors, son ipod jouait peut-être du Jacques Loussier ? La sensualité qui se dégageait de tout son être m’obsédait de plus en plus. Les premières fois que je l’avais aperçu, studieux, silencieux, presque distant, je lui avais à peine prêté attention. Ce n’est que plus tard, quand il m’avait parlé, que j’avais découvert ce qui faisait son charme et venait comme transcender sa beauté physique : sa chaleur, sa douceur, cette façon qu’il avait de voir les choses, de corriger les détails insignifiants du quotidien. Je décidai de trouver un prétexte pour me retourner. Je renversai mon thé sur la table et me levai pour aller chercher une serviette, en m’excusant. Je ne sais pas combien de temps exactement s’était écoulé depuis mon arrivée au café. Il ne restait, derrière moi, qu’un groupe de filles qui lisait des romans à l’eau de rose. Il s’était donc enfui, m’avait laissée là. Je me plaisais à imaginer qu’il avait agi par jalousie. Il devait sûrement maudire cet homme qu’il avait vu avec moi, ce rival, ce ver de terre. J’appris peu après cet événement que G. était marié. Je réalisai qu’il n’avait jamais eu pour moi qu’une amitié fraternelle. L’éloignement que j’avais ressenti était simplement l’expression de cette réalité, aussi décevant et banal que cela puisse paraître. Aujourd'hui encore, je ne peux m'empêcher de rougir quand je repense à la fièvre qui m'avait animée cet après-midi-là.

dimanche, avril 01, 2007

la chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres...

Je me sens étrangère à cette existence. Le désert dans lequel je me suis exilée s’étend à perte de vue. Je m’y épuise, la temporalité n’a plus aucune importance. Je me sens vide, mais sa présence change mon existence. Alors, je ne veux plus penser, je veux vivre. Et nos corps enlacés, je les vois, je les sens, vibrer, suer, gémir, jusqu’à l’épuisement. Je me vois lui sourire, et recommencer. Le matin, il ne voudrait pas me laisser partir. Pourtant, je partirais, j’emporterais ces instants de perfection. Plus tard, je repenserais avec délice à cet abandon, à ce plaisir charnel. Je me délecterais de souvenirs olfactifs, gustatifs, visuels. Il n’en saurait rien.

vendredi, mars 30, 2007

Est-ce votre passion ?
Il me posa la question brutalement. Désarçonnée, je ne sus que répondre. Je bafouillai « enfin, ça m’intéresse… ». Mais à cet instant, je réalisai que la critique de la littérature m’ennuyait. Pendant des années, j’avais dévoré les livre, je les avais dégustés, savourés, avalés, jusqu’à l’indigestion. Ce qui me passionnait à l’adolescence avait peu à peu disparu. La liberté d’interprétation, la créativité, la licence à laquelle j’avais droit alors avaient fait place à un étau dans lequel je me sentai enserrée. La découverte des codes littéraires, loin de me permettre de décupler le plaisir, avait étouffé mes sensations, obsédée que j’étais par l’idée de ne pas rater LA référence ou métaphore, LE passage crucial, ce que les autres auraient tous vu et dont ils discuteraient entre eux d’un air entendu à la séance suivante. S’il m’arriva d’être intéressée par certains articles critiques, c’est que le style humble de l’auteur m’avait invitée à prendre son interprétation pour ce qu’elle était : une façon d’ouvrir des perspectives, de penser le texte autrement. Mais toutes ces interprétations ne savaient jamais transcrire la puissance du texte, sa profondeur, l’écho qui résonne en nous, la palpitation ressentie. Ce qui le rend vivant, c’est l’appropriation que nous faisons de ce livre qui exprime nos tourments _ mettant, en somme, des mots sur nos maux_ ou nous donne à rêver une vie idéale _ pansant alors nos plaies. Il finit par faire partie de nous-mêmes, échappant ainsi à son auteur, le souvenir de cette œuvre rattaché à une période de notre vie, ou son contenu mêlé à notre mémoire.

samedi, mars 17, 2007

Je restai plantée devant la porte. Je me revoyais deux ans auparavant, presque jour pour jour. Mais alors qu’à l’époque débutait notre relation, c'en était à présent la fin. Il le comprit lui aussi. Longtemps je vis sa silhouette dans mon rétroviseur. A quoi pouvait-il bien penser. Je sus à cet instant précis la douleur insoutenable et irréparable.
Claude Simon disait que dans ses romans il n’a jamais parlé que de lui-même. Tous les écrivains feraient-ils finalement de l’autofiction?
J’ai cette impression qu’en effet l’écriture est la délivrance d’une réalité personnelle. Que l’on crée des personnages d’un autre sexe, qui semblent avoir un passé bien loin du sien, qu’on finisse par croire en leur autonomie et en leur existence propre, ils n’en demeurent pas moins des êtres virtuels dont la psychologie a été pensée par leur auteur. Le travail de projection, d’empathie, aussi réussis soient-ils, ne font cependant que transmettre le ressenti de l’écrivain. Ce travail rejoint parfois une réalité vécue, ou plutôt ressentie dans une situation réelle, par un autre. C’est ainsi ce qui est arrivé à Claude Simon, qui a un jour reçu une lettre dans laquelle un lecteur lui avouait que le récit fait de la mort du Capitaine de Reixach dans La Route des Flandres était celui de la mort de son propre capitaine alors qu’il servait lui-même en tant que soldat durant la Seconde Guerre Mondiale. Les interventions contradictoires de l’auteur au sujet de cette lettre, si elles posent la question de la véracité des faits, permettent cependant de réaffirmer l’importance de la part d’autobiographie dans l’œuvre littéraire.

mardi, mars 13, 2007

Parfois, en prononçant les mots, on s’aperçoit de leur inconsistance. On s’est séparés. Alors même qu'on ne vivait pas ensemble. Alors même qu'on n'a jamais eu l'impression de ne former qu'une seule et même entité, mais qu'au contraire, on est toujours restés deux. Deux personnes distinctes, qui ne se comprennent pas, qui se cherchent, se reniflent, sans se trouver (sauf à de rares et brefs moments).

dimanche, février 11, 2007

Je savais que j’étais une imposture, et j’avais cette crainte permanente qu’on ne me perce à jour. Ce jour-là arriva. Je me trouvai prise dans le marasme de ma vie. Autour de moi tout s’effondrait. Les lambeaux de certitude qui me restaient s’effritaient et je me sentais déraper, glisser vers cet inconnu mystérieux et angoissant dont j’avais entendu parler sans en comprendre le sens ni la portée. Je me perdais dans les profondeurs de cet abîme, engloutie, happée par une spirale infernale. La réalité se distordait sous mes yeux, les couleurs se mêlant aux formes et créant un vertige immense et rond.

dimanche, janvier 21, 2007

CS

Son visage sa voix Je rêve que je suis dans tes bras, j'en oubliais presque qu'il était marié deux enfants la plus jeune Chloé 5 ans enroulant ses bras autour de mon cou quand j'entrais dans son bureau, il était pourtant évident qu'un type comme lui ne quitterait jamais sa femme ou plutôt son épouse chérie tant qu'elle le supportait il ne pouvait pas trop en demander non plus surtout pas après le suicide de son père enfin l'accident qui avait débouché sur cet acte terrible et innommable _ il lui en avait toujours beaucoup voulu, surtout à cause du traumatisme occasionné et puis les enfants _ laissant derière lui une montagne de dettes et un fatras incompressible, les gens ne pouvaient pas comprendre à quel point c'était, et de toute façon j'étais un peu jeune, c'était sans doute mieux comme ça.